Digestion
La vie se ravale comme un cri à maigres gorgées de mots désarticulés passe mal boyau tordu mais on y arrivera Il faut bien se déglutir une vieillesse
La vie se ravale comme un cri à maigres gorgées de mots désarticulés passe mal boyau tordu mais on y arrivera Il faut bien se déglutir une vieillesse
Et toujours ce partage entre l'envie de se soustraire retranché de moins en moins et la tentation sans cesse affleurée d'être un tantinet vécu par les autres
Qui veut encore des matins où l'on se sent submergé par la tristesse d'espérer Qui veut encore des printemps où l'on ne prête plus attention à l'échancrure grandissante des jours Mais il faut donc encore se laisser passer
La mémoire N'est plus qu'un seuil Où tu viens T'essuyer la pensée Paillasse chargée Micro-poussières Brindilles Bourbes séchées Insectes vides Faune et flore Des dessous de godasses Tu viens t'y consoler De l'impossibilité Des voyages De ces retours Qui...
Il faudrait savoir Ne pas se réciter Oublier de quelles rimes Pauvres De quelles métriques Classiques L'on est composé En perdre ses pieds Couper l'ancienne voix Aussi La langue morte La laisser tomber Sèchement Abolir nos déclinaisons
Pour Eloïse et Florian Un simple effleurement Et nous nous effondrons L'un l'autre Nos deux éboulis Se croisent Echangent Leurs vieilles pierres En cascades immobiles Leurs ombres moussues Leur mémoire Sans cesse renversée Nos vies Qui courent vaillamment...
Le coeur n'est plus Qu'une vaste étendue Défleurie Que tu continues d'épingler En boutonnière Cramoisi de pivoine Ouverte en corolle Tu l'affiches Tu le lampionnes En mondain Tu t'allumes Le réverbère Il éblouit Deux ou trois regards de nuit Gicle sur...
Dans les trains C’est désormais toi Qui défile Et ce sont les paysages Qui te lisent L’œil plus ou moins vide Plus ou moins attentif Les poteaux télégraphiques Aux filaments de méduse Se plantent à l’avant de ton crâne Crevassant chacune de tes pensées...